Le monde assiste fasciné à la mise en place des conditions de son suicide (Jacques Attali)

Publié le par désirs d'avenir Somme 80

Il est des moments où on aimerait ne voir que les bons cotés des choses, s’enthousiasmer pour des livres, des films, des concerts, des soirées passées avec des amis. Il est des jours où on voudrait avoir eu tort d’avoir prédit, avec beaucoup d’autres que les désordres écologiques, financiers, politiques et culturels finiraient par ne plus être des hypothèses. 

Et puis voilà, on ne peut plus ne pas voir les lourds nuages s’amoncelant sur nos têtes. 

Pour ne prendre que trois nouvelles de cette semaine : 

- d’abord le plongeon tant attendu (et annoncé ici il y plus de six mois) des marchés financiers, en raison des méthodes scandaleuses d’établissements financiers américains poussant les ménages les plus pauvres à emprunter pour acheter une maison qu’ils ne peuvent financer qu’en en vendant une autre, à un prix qui doit donc sans cesse croitre. 

- Ensuite, les effrayantes inondations noyant le golfe du Bengale, sous les eaux venues du ciel, de la mer et de l’Himalaya, rendues particulièrement furieuses par les changements climatiques, et chassant de chez eux plus de 20 millions de personnes en une semaine : 20 millions de tragédies. 

- Enfin, l’aggravation brutale des inégalités en Asie, comme vient de le mesurer un rapport de la Banque Asiatique de développement, et qui pourrait (conclut l’économiste en chef de cette institution d’habitude fort prudente), « conduire à des guerres civiles ». 

Tout cela aurait pu et du être empêché. Si les organismes de contrôle bancaire américain avaient fait correctement leur travail. Si on avait pris appliqué les mesures, si modestes, décidées à Kyoto il y a prés de dix ans. Si on avait mis en œuvre les engagements solennels de chefs d’Etat promettant d’augmenter l’aide au développement. Mais non. Rien. Le monde assiste fasciné à la mise en place des conditions de son suicide. 

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : la crise financière peut conduire à un appauvrissement massif et brutal de l’Occident. Le désordre écologique peut provoquer bientôt plus de morts qu’il n’y a aujourd'hui de sans abris. Et l’exacerbation obscène des écarts de niveau de vie conduira certainement à des violences aujourd’hui impensables. 

Aout est gris. Septembre s’annonce noir. Même si je voudrais espérer que cette couleur ne sera que celle du maillot de la merveilleuse équipe de rugby de Nouvelle Zélande, qui viendra, grande favori de la Coupe du Monde, nous éblouir. 

j@attali.com
Jacques Attalihttp://blogs.lexpress.fr/attali

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P
Pour revenir à 1983 évoqué par le camarade NACHIN, il faut se rappeler aussi au Congrès de Metz l'intevention de Fabius (le milliardaire de Jacques Vergès) qui prenait sa grosse voix de gorge populiste (dont il a le secret) pour répondre à Pierre Mauroy, "entre le plan et le marché, il ya lesociaaaalissssme".Et on a vu en effet ce que cela a donné avec Fabius Premier Ministre....
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R
Je vois que les énergies sont revenues... Alors pourquoi ne pas les utiliser en participant aux groupes de travail et au Forum ? JE SUIS CERTAIN QUE VOUS ARRIVERIEZ ALORS TOUS A ETRE D'ACCORD
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H
Pour éclairer et pimenter le débat ...Roland Dumas.Je suis un social-démocrate de gauche, amoureux de la liberté, j’ai même récupéré ma carte du PS. J’ai toujours eu le cœur à gauche.Jacques Vergès.Je suis un homme d’ordre. L’ordre public est toujours injuste mais nécessaire. Actuellement, sur la carte de l’échiquier politique, je ne suis nulle part, le débat droite-gauche est piégé. Dumas est un vrai socialiste, dans la mesure où le mot socialiste ne veut rien dire. En vérité, vous êtes socialiste comme l’est Fabius ou Montebourg !Roland Dumas.Vous me provoquez. Fabius est un milliardaire qui n’a rien à voir avec mon socialisme. Quant à Montebourg, c’est un égocentrique plus préoccupé de lui-même que des idées qu’il prétend défendre ; il n’a même pas la reconnaissance du ventre.
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H
Avec les jours qui passent on voirt revenir les fidèles ... mais je crois que, cette fois, Paul (d'Amiens je crois) a touché juste : arrêtons le style échevelé et soixanthuitard sur le retour. Ne perdons plus notre temps dans ce genre de diatribes assassinana t out le monde.Essayons de construire de vraies alternatives crédibles (le mot est juste comme l'ordre juste).Essayons de nous battre sur des valeurs de gauche comme celles représentées autour du petit Ivan à Amiens.Et on se fout de voir l'apôtre Vergès (tant critiqué par la gauche et le PS avant dans certains de ses combats) car le principal c'est de trouver tous les moyens de faire entendre la voix brisée du petit Ivan. sI Vergès avec Francis peut nous aider tant mieux. Alors cessons les jérémiades et allons de l'avant. Et moi, le texte d'Attali me convient : il pose les bonnes questions. Et on attend que le PS, le NPS, ou l'autre ceci ou l'autre cela, etc proposent de vraies réponses !
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P
On ne peut pas constamment refaire le monde et remonter l'histoire en reprochant aux autres d'avoir manqué de courage politique il y a plus de 20 ans. Comme tu le dis camarade, soyons lucides auojourd'hui (en paroles c'est toujours plus facile) et regardons le monde tel qu'il est, prenons les bonnes décisions sans toujours critiquer les autres. Le temps passé est par nature passé et on ne va pas remettre en cause la politique de Charlemagne, de Louis XIV ou de Napoléon III. Ni celle de Mitterrand ou du parfaiat gestionnaire  du capitalisme Jospin. D'ailleurs je ne me souViens pas d'avoir entendu beaucoup de "lucicidités" pendant toutes ses années passées au pouvoir, ni pendant ni après et même aucune encore aujourd'hui... A quand l'inventaire du trostkyste honteux et du socialiste gestionnaire ?Concrètement que proposes-tu aujourd'hui en dehors des éternels grandes phrases sur le libéralisme qui est toujours un néo-libéralisme triomphant avec une couche antiméricaine ? Copmme avant l'anticomuinisme était toujours primaire.¨Ne pourrait-on pas cesser d'utiliser ce vocabulaire "guerrier" et "communard" comme ces ces jugements définitifs à la serpe qui ne font que répéper la même chose sans proposer d'alternative ? Je sais qu'un Congrès se gagne à gauche avec de belles déclarations mais quand nous avons été au pouvoir, on a vu les pratiques et les résultats. Arrêtons donc ces gesticulations du haut de l'escabeau et faisons de la politique , la vraie, en commençant par essayer de convaincre une majorité de Français de voter à gauche pour mettre en place une politique (laquelle) crédible (Aie ! c'est la question qui tue) pour changer la vie des gens.On a l'impression que certains préfèrent être toujours dans l'opposition : ce qui est pour eux confortable et leur permet de donner des leçons.Alors que proposes-tu cher camarade pour régler tous les problèmes du monde ( la planète Terre  dans un premier temps avant de s'attaquer à l'ensemble du système solaire) puisque toi tu es lucide aujourd'hui ?Quelles propositions ? Tiens un exemple, comment  tu règles la grave crise financière mondiale qui oblige de nombreuses banques centrales à injecter en ce moment des dizaines de milliards d'euros pour soutenir le système ? Crise qui touche profondément les banques occidentales et d'Asie. Sachant qu'une crise des banques, cela se traduit par leur renchérissement des taux pour les crédits y compris des gens modestes qui doivent aujourd'hui emprunter sur 30 ans pour pouvoir se loger ?Et attention, la France n'est pas encore capable d'imposer sa loi à l'Univers. Même une France qui aurait vôter à gauche en mai.ALORS QUE FAIRE CONCRETEMENT SANS GESTICULER, CRITIQUER ?
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