SONDAGES Le président paie son impuissance sur le pouvoir d'achat et l'affichage de sa vie privée

Publié le par désirs d'avenir Somme 80

La chute de popularité du chef de l'Etat s'accentue
 
Vie privée, pouvoir d'achat, principaux motifs de mécontentement
 


Sarkozy aussi impopulaire que Chirac après les grèves de 1995
  

     
Petite scène de panique, mercredi 30 janvier, au sortir de la convention de l'UMP sur l'Europe. Les micros se tendent vers le secrétaire général du parti. L'enquête TNS-Sofres pour Le Figaro magazine - réalisée les 23 et 24 janvier auprès de 1 000 personnes - vient d'être rendue publique. La cote de confiance de Nicolas Sarkozy perd 8 points - 41 % de satisfaits contre 55 % de mécontents - confirmant les enquêtes précédentes.
" M. Devedjian, vous avez vu le sondage ? ", interrogent les journalistes. Réponse : " Oui, il est mauvais, mais ce qui compte c'est de gagner les élections.
- Comment expliquez-vous cette chute ?
- J'ai trop longtemps exercé la profession d'avocat pour me laisser piéger par vos questions. " Et le député des Hauts-de-Seine de tourner les talons, laissant micros et stylos suspendus.
M. Devedjian connaît pourtant les causes de ce dévissage. A l'UMP, chaque jour, les courriels des militants attestant de leur désamour sont collectés, pour être classés et acheminés à l'Elysée. 

       

Arrivent en tête les messages des internautes se plaignant de leurs conditions matérielles inchangées
. " Cela concerne surtout les retraités qui s'impatientent parce que leurs pensions n'augmentent pas ", explique un cadre du parti.
Ces récriminations sont suivies de celles des " sarkozystes de gauche " qui, eux, " trouvent que les réformes ne vont pas assez vite "

Viennent ensuite les réserves sur l'affichage de la vie privée : " Il peut faire ce qu'il veut avec Carla Bruni, dit un correspondant, mais on ne veut pas voir ça dans les journaux. " 

Enfin, dernière catégorie, les internautes frustrés de ne pas pouvoir profiter d'heures supplémentaires dans leur entreprise.
Comme le poumon dans une comédie de Molière, le pouvoir d'achat explique à lui seul tous les maux de l'exécutif, même si François Fillon bénéficie d'une cote légèrement supérieure à celle du président. " Dans les quartiers populaires, on se fait engueuler à ce sujet matin, midi et soir ", explique calmement un ministre, comme s'il n'y avait rien à y faire.
Confirmation de la Sofres : 87 % (+ 2) des Français jugent que l'action du gouvernement contre la hausse des prix " n'est pas efficace ", quand les chiffres officiels soulignent une hausse du pouvoir d'achat. Même constat à propos du chômage. Son taux diminue mois après mois, mais 70 % (+ 6) des Français jugent inefficace l'action du gouvernement dans ce domaine. Les Français sont moroses et le font savoir. Le classement des personnalités politiques s'en ressent : toutes sont en baisse ou stagnent, sauf Olivier Besancenot (+3).
A cinq semaines des élections municipales, dont M. Sarkozy a fait un test de sa politique en voulant " nationaliser " leur enjeu, la dégradation de l'image présidentielle semble consommée. Selon les sondeurs, il paye l'aveu de son impuissance sur le pouvoir d'achat (" je ne peux pas vider des caisses déjà vides ") et l'exposition de son bonheur ("entre Carla et moi, c'est du sérieux "). Neuf mois après son élection, il rejoint le niveau de popularité de Jacques Chirac en février 1996 après les grandes grèves contre la réforme des régimes spéciaux. " Nous n'avons pas encore touché le fond ", s'inquiète un conseiller.
DÉPLACEMENTS TOUS AZIMUTS
Reste à savoir comment rebondir. " Sarko en est capable, se rassure un responsable de l'UMP. Cela demande une correction de trajectoire. " " Il doit revenir aux fondamentaux, explique un membre du cabinet du président, et retrouver l'image sur laquelle il a été élu : la détermination, la présence et l'écoute. " 
Depuis deux semaines, le chef de l'Etat s'est lancé dans une opération de reconquête de l'opinion à travers des déplacements tous azimuts en province. " J'aime le terrain ", répète-t-il à l'envi pour mieux combler le fossé qui s'est creusé entre lui et les Français.
Désormais, l'emploi du temps international se tresse avec l'agenda intérieur. Un aller-retour, vendredi 1er février, à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes) pour dévoiler le plan Alzheimer, avant un voyage à Bucarest, lundi ; une visite, la semaine prochaine, en Charente-Maritime, avant un déplacement en Guyane où il rencontrera le président brésilien Lula. " Il doit redonner un sens à son action, revenir à la simplicité, hiérarchiser, retrouver de la lisibilité ", entend-on à l'Elysée.
Parfois, Claude Guéant, le secrétaire général, lui susurre à sa manière polie et discrète : "M. le président, vous avez un problème d'image."

          

Selon ses proches, M. Sarkozy en est conscient, mais se dit qu'il est là " pour cinq ans "

Ses amis croisent les doigts : " Il s'en sortira comme il l'a toujours fait, en passant à travers le feu. " Ça chauffe déjà.

 

Philippe Ridet
© Le Monde
 
Les principales figures de l'opposition n'ont pas d'organisation à la hauteur de leur popularité

CONTRAIREMENT à Nicolas Sarkozy, en délicatesse avec les sondages, les leaders de l'opposition ont les faveurs de l'opinion. Selon l'enquête publiée le 27 janvier par Le Journal du dimanche, les " personnalités les plus crédibles " face au chef de l'Etat sont 

1 - Ségolène Royal        28 %, 

2 - François Bayrou        25 %, 

3 - Bertrand Delanoë      18 % 

4 - Olivier Besancenot    14 %.



S'ils bénéficient d'un capital de popularité stable, voire en progression, ces quatre-là ont en commun de ne pas être parvenus, encore, à mettre en cohérence leur structure partisane et leur ambition.

Royal-Delanoë, désirs de courant

En tête des personnalités dont l'électorat de gauche souhaite qu'elles jouent un rôle, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë ne disposent pas de l'appui d'un courant organisé.

Ségolène ROYAL

Mme Royal reste très populaire parmi les adhérents - dont les effectifs ont chuté, passant de 218 000 à un peu plus de 150 000 entre fin 2006 et fin 2007 - mais n'a pas de réseaux militants structurés. Décidée à conquérir le parti, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a le choix entre deux stratégies.

La première consiste à nouer des alliances, en particulier avec François Hollande qui, fort du soutien d'une trentaine de fédérations, se verrait bien devenir le centre de gravité d'une large majorité. 

Cela permettrait au premier secrétaire de peser sur la désignation de son successeur, qui serait un " non-présidentiable ". François Rebsamen, Julien Dray ou Pierre Moscovici sont prêts à jouer ce rôle. 

Autre option, la stratégie du " qui m'aime me suive ", en déposant sa propre motion afin de pouvoir compter ses forces.


Lancement de la campagne des élections municipaleFrançois Rebsamen Julien Dray Pierre Moscovici


Issu de la famille jospiniste, Bertrand Delanoë n'est pas, lui non plus, un chef de courant. Les partisans de Lionel Jospin constituent aujourd'hui un groupe aux contours mal définis, sans que l'on sache si leur mentor - toujours actif en coulisses - a vraiment passé le témoin au maire de Paris.

Meeting de soutien à Ségolène ROYAL

Quant aux courants les plus anciens et les plus disciplinés au sein du PS, aucune personnalité n'est en mesure d'y imposer un leadership incontestable. Fabiusiens, strauss-kahniens et emmanuellistes, regroupés au sein du groupe dit des " reconstructeurs ", s'efforcent de faire échec à Ségolène Royal comme à Bertrand Delanoë.

Laurent Fabius Dominique Strauss-Kahn une6686Henri Emmanuelli



Bayrou
, d'un parti de notables à un parti de militants. En refusant, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, de se rallier au futur vainqueur, François Bayrou a fait un choix décisif. Il extirpait ainsi le centre du rôle de supplétif auquel le condamnait son alliance avec la droite. Non sans casse. La plupart des députés sortants, et nombre d'élus, ont préféré trouver refuge dans la " majorité présidentielle ". 

Le congrès de Villepinte, début décembre 2007, a marqué plus qu'un changement de nom, de l'UDF au Mouvement démocrate (MoDem), entendant ainsi briser le signe indien d'une formation qui n'a jamais réussi à s'imposer. Il a signifié le passage d'un parti de notables à un parti de militants. Cette nouvelle génération reste toutefois en quête de maturation et d'homogénéité. Pour le MoDem, l'équation est la suivante : un parti en construction, un projet à définir, mais un leader incontesté.

   Olivier Besancenot. | Le Monde.fr/Benoît Vitkine

Besancenot, à l'étroit dans la LCR. Plus possible de continuer avec une petite organisation d'à peine 3 000 militants quand on est présenté comme " le meilleur opposant à Sarkozy ". Olivier Besancenot caracole dans les sondages de popularité bien loin devant ses ex-partenaires de la gauche radicale. Il fallait à ce leader populaire une nouvelle structure, moins historiquement marquée et " plus large " que la " vieille Ligue ".

Le porte-parole de la LCR a donc lancé, samedi 26 janvier, un appel pour un " nouveau parti anticapitaliste ", destiné à accueillir tous les sympathisants rencontrés durant la campagne présidentielle et les " inorganisés " attirés par son verbe protestataire. Exit les références au trotskisme et le fonctionnement de militants professionnels.

Même si la direction de la LCR jure que cela ne sera pas le " parti d'Olivier ", cela y ressemble fort : le manifeste de référence programmatique a été calqué sur sa campagne présidentielle et le profil militant affiché est celui du " jeune salarié radicalisé ", " à l'image d'Olivier ". L'échéance du congrès de fondation a été fixée à décembre 2008 ou janvier 2009.

Jean-Michel Normand, Patrick Roger et Sylvia Zappi

© Le Monde
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