La demande mondiale de champagne explose
| En Russie, en Chine, de manière générale dans les pays émergents, le champagne plaît de plus en plus. L'année 2007 devrait s'achever sur un nouveau record. Le cap des 400 millions de bouteilles vendues n'est plus très loin. Seulement voilà, la production est limitée par une loi de 1927 sur 33 500 hectares, répartis dans 319 communes. Et, logiquement, les prix montent - de 4 % à 5 % par an ces dernières années. En Champagne, il y a des mots qui fâchent, et celui de " pénurie " en fait partie. " Il faut juste gérer au mieux la rareté ", préfère-t-on dire chez Mumm-Perrier-Jouët, qui appartient au groupe Pernod-Ricard. Toujours est-il que les marges de manoeuvre des producteurs sont limitées. Il y a bien les stocks, qui représentent un milliard de bouteilles, soit trois ans et demi de production. La hausse de rendement décidée en 2007, qui a permis de passer de 10 400 kilos de raisins par hectare à 12 400, est également une réponse ponctuelle à la situation. Enfin, il reste quelque 500 hectares non cultivés qui relèvent de l'appellation d'origine contrôlée (AOC). Mais les prix ont flambé et l'hectare vaut cher. Dans ce contexte, pénurie ou pas, il a bien fallu trouver une solution. Car la hausse des prix du champagne pourrait finir par être contre-productive et décourager le consommateur. Le Syndicat général des vignerons a donc voté en faveur d'une " révision " de l'AOC. Les vignerons comme les grandes maisons de champagne se refusent à parler d'extension, préférant faire valoir l'harmonisation de la qualité des parcelles du célèbre terroir crayeux. Une harmonisation qui, au passage, rendra cultivables quelques milliers d'hectares supplémentaires. L'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) a déjà présélectionné 40 communes qui pourraient intégrer l'appellation. La liste finale sera établie en mars 2008. Et comme il s'agit avant tout, rappellent les experts, d'améliorer la qualité dans l'intérêt de tous, et non d'accroître la production, deux communes de la Marne pourraient être, à l'occasion, déclassées. Celle de Germaine, dont les parcelles sont exploitées par Moët et Chandon, et celle d'Orbais-l'Abbaye, où produit notamment Vranken-Pommery. L'INAO s'interrogera ensuite, entre 2009 et 2015, sur les parcelles à retenir. Et, dans les communes classées, certains terrains pourraient être sortis de l'appellation. Toute une affaire, même s'il devrait être possible de conserver le droit de produire pendant trente ans. Dans la riche Champagne, on s'attend déjà à des milliers de recours. Viendra ensuite le temps de planter la vigne et d'élaborer le champagne. Les premières bouteilles de la nouvelle AOC ne devraient pas être en vente avant au moins quinze ans. © Le Monde |